« Kami no kaze »

Au premier abord, on pourrait craindre un manga lourd, exagéré (si les mangas ne le sont pas déjà) et surtout d'un patriotisme ou même d'un militarisme inquiétant. Il n'en est rien, En fait, Zéro pour l'éternité, c'est le contraire.

Comme on le découvre en quatrième de couverture, Zéro pour l'éternité est très loin des clichés habituels sur les Japonais lors de la Seconde Guerre mondiale. On s'imagine très souvent des fanatiques gonflés de ferveur patriotique et décidés à se sacrifier pour leur patrie, mais à travers l'œuvre, on voit le côté humain qu'avaient les pilotes japonais de la guerre.

Zéro pour l'éternité est très auto-critique des mentalités du peuple japonais et du gouvernement de l'époque, et on peut y lire un pacifisme clairement exprimé plutôt qu'une louange de l'armée japonaise comme on aurait pu le craindre.

L'histoire est en fait composée d'un double jeu entre le présent vécu par le petit-fils d'un pilote de chasse qui veut connaître plus sur son grand père mort en kamikaze, et le passé de ce dernier, raconté à travers les témoignages d'anciens militaires et vétérans de la guerre.

On découvre un portrait complexe d'un homme pris dans un temps sulfureux pour le Japon, et l'image d'une génération qui vit un tournant de son histoire et de sa société. Les émotions suscitées par les évènements de la guerre sont d'ailleurs bien gérés et la richesse de l'œuvre est là.

D'un point de vue visuel, les dessins sont détaillés et retransmettent l'histoire sans confusion et clairement. Les détails mécaniques des Zéros (le chasseur japonais par excellence) sont l'un des points forts et témoignent d'une grande recherche historique.

Zéro pour l'éternité mérite une lecture attentive, puisque c'est une vision inhabituelle de la Seconde Guerre mondiale : l'histoire des Japonais racontés par des Japonais. C'est une lecture amusante et qui fait réfléchir.

Joshua Singleton, Terminale L, Lycée Jean-Baptiste Le Taillandier, site NDM